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1) Les expériences
C’est par l’alternance jour/nuit que l’horloge biologique se règle et synchronise la production de certaines hormones telles que l’hormone du sommeil, comme la mélatonine par l’absence ou diminution de l’intensité lumineuse. C’est à partir des années 2000 que nous avons remarqué l’importance du sommeil dans la régulation du métabolisme et du système immunitaire. En effet un dérèglement du rythme circadien provoquerait des troubles du sommeil et par conséquent, l’altération de la libération de certains neurotransmetteurs qui devraient avoir lieu la nuit. Cela perturberait alors plusieurs hormones : la griline qui agit dans la régulation de l’appétit ; l’orexyne qui régule la satiété (être rassasié). Ainsi en troublant cette hormone, nous sommes amenés à favoriser les aliments sucrés et gras (qui sont favorables à la prise de poids) ; ou encore la mélatonine qui, s’occupe entre autre de la division cellulaire en ralentissant la prolifération de cellules cancéreuses.
Mais dire que sans sommeil, nous sommes plus apte à développer un cancer est une affirmation prématuré; Cependant, il a été observé le développement de certains cancers chez des animaux privés de sommeil.
Ainsi, il semble que le rythme circadien peut être rapidement déréglé et cela entrainerait de graves conséquences.
Prenons par exemple l’expérience de plusieurs chercheurs qui se sont demandés ce qu’il adviendrait si on isolait complètement une personne des indices de l’alternance des jours et des nuits (lumière, bruits, etc.). Son rythme biologique serait-il conservé ?
D’abord dans des grottes, des personnes ont fait l’expérience à plusieurs reprises de s’isoler pendant plusieurs semaines. Elles indiquaient à une centrale quand elles mangeaient, s’endormaient et se réveillaient. Il a été observé que si le rythme biologique persistait malgré l’isolement, pendant un temps, on pouvait ensuite remarquer que cette horloge biologique se retardait de quelques minutes chaque jour. C’est-à-dire, le rythme circadien de ces personnes devenait de plus en plus long. (Jusqu’ à 25, 5 heures, selon ces études). « Cela peut sembler petit, mais cela signifie qu’un cycle de 24,5h transformerait en seulement 3 semaines l’activité diurne d’un individu en activité nocturne ! ». Aussitôt l’expérience terminée, la personne peut rapidement se resynchroniser par l’alternance jour-nuit.
En 1962, le français Michel Siffre passe, à 23 ans, 2 mois dans un glacier souterrain des Alpes-Maritimes en France. Il retourne trois fois sous terre pour mesurer l’influence de l’absence de repères temporels sur ses rythmes biologiques à différents âges. En 2000, il passe son dernier séjour de 73 jours sous terre à 61 ans.
Photo: Michel Siffre à la sortie de son dernier séjour en isolement temporel en 2000. (AFP)
Le diagramme suivant montre un enregistrement quotidien du cycle veille-sommeil d’une personne pendant un mois et demi. Chaque ligne horizontale est un jour; les traits continus marquent les phases de sommeil, et les lignes pointillées, les phases d’éveil. Le triangle représenté dans chaque cas marque le point de la journée où la température corporelle était la plus basse.
Dérèglement du rythme circadien (Source : d’après Dement, 1976)
Lors de cette expérience, des enregistrements de contrôle ont d’abord été faits pendant 9 jours dans des conditions naturelles de variations d’éclairage et de bruits qui accompagnent la journée. Puis, pendant 25 jours, tous ces repères ont été coupés pour laisser la personne évoluer selon son rythme endogène, par lui-même. Dans ces conditions, le cycle veille-sommeil se maintient mais a tendance à s’allonger à environ 25 heures. Après plusieurs semaines d’isolement, ces cycles peuvent s’allonger pour atteindre 30 à 36 heures. Le sujet peut par exemple rester éveillé durant 20 heures, puis dormir ensuite pendant 12 heures et se sentir tout à fait bien ainsi.
Nous pouvons également noter que le point minima de température corporelle se déplace de la période de fin de sommeil, vers le début du sommeil. Nous pouvons ainsi assister à une désynchronisation de la personne durant la période d’isolement. C’est cette désynchronisation qui pourrait être à l’origine des problèmes causés par le décalage horaire.
Enfin, durant les onze derniers jours de l’expérience illustrée sur le diagramme où les conditions initiales et normales sont remises en place, on peut observer que le rythme circadien initial revient petit à petit.
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