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2) L'exemple des travailleurs de nuit

        Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses entreprises ont adopté le système 3x8, ou travail posté, pour permettre une production 24 heures sur 24. Cela implique des travailleurs effectuant leur service de nuit.

       Dans les pays occidentaux, on trouve 15% à 20% des emplois qui s’effectuent de nuits. En France, ils sont 3.6 millions de salariés travaillant la nuit en 2001, et dont le nombre de femmes a doublé en 20 ans. La plupart travaillent dans les services : l’hôtellerie-restauration, et dans le secteur public : police, professions de santé. Ces différents métiers ont besoin d’une assistance de nuit, obligeant certains travailleurs à changer leur mode de vie en fonction de leurs horaires.

Travailleur de nuit

Travailleurs de nuit sur les voies ferrées

          Pourtant, « l'Homme est une espèce diurne : il est programmé pour être actif la journée et au repos la nuit »  affirme Damien Léger, président de l’institut Nationale du sommeil et de la vigilance (INSV). Ainsi, ces travailleurs sont soumis à des rythmes contraires de ceux de leur horloge biologique, ce qui entraîne la perturbation de leur rythme circadien, revenant alors à forcer l’organisme de fonctionner à contre-courant. En effet, L’exposition à la lumière perturbe la sécrétion la mélatonine, permettant l’endormissement. Cette baisse, due à une exposition lumineuse artificielle pendant le service de nuit, dérègle le rythme circadien. Ainsi, une exposition à la lumière, même relativement courte suffit à faire baisser significativement la sécrétion de mélatonine perturbant ainsi le repos.

 

      De plus les travailleurs de nuits, en décalage avec la société diurne, ne dorment pas le nombre d’heures recommandées. En effet, leur repos est perturbé par la lumière du jour mais également par des nuisances sonores. Alors que ces travailleurs ont besoin de fournir un effort pour maintenir leur vigilance durant la nuit, ce manque de sommeil ne leur est pas favorable. Or, le manque de sommeil entraîne des troubles comme l’obésité, la baisse des performances cognitives (attention, apprentissage..) et la chute de la production d’anticorps.

        Les spécialistes de la sécurité sanitaire se demandent actuellement si le fait de travailler de nuit pose un vrai problème de santé.

       Ce sont la moitié de la population des travailleurs de nuits qui sont touchés par de nombreux troubles du rythme biologique (soit des problèmes de règlement de température, cardio-vasculaire), du rythme du sommeil, cognitif, du métabolisme (plus d’obésité, de diabète),  psychiatriques (anxiété et dépression), et sexuel (hormones sexuelles mal réglées, problème de prématurité : une femme ayant un bébé plus tôt ou plus petit). Ces décalages répétés entrainent des troubles digestifs (les enzymes de digestion ne sont pas sécrétées au bon moment), du stress, soit des perturbations qui mettent leur corps à rude épreuve. Des enquêtes épidémiologiques réalisées aux Etats-Unis vers les années 1990 sur des populations d’hôtesses et d’infirmières ont détecté un risque accru du cancer du sein chez ces femmes particulièrement exposées à des horaires décalés. Mais des recherches sont en cours pour confirmer le lien entre les deux éléments.

     A ce sujet, plusieurs experts en sécurité du travail ont fait le lien entre les accidents dans les centrales nucléaires de Tchernobyl et de Tree Mile Island avec le fait qu’ils se sont produits de nuit au moment où les capacités de vigilance sont particulièrement fragilisées.

       Le chercheur en chronobiologie Claude GRONFIER de l’INSERM à Lyon nous a confirmé que les études actuelles affirment l’impossibilité à un travailleur de nuit de se créer un rythme propre, ni de se resynchroniser à  rythme biologique « normal » à sa volonté. Si leur horloge ont réussi à bien se caler par elle même, les travailleurs de nuits devraient pouvoir être bien éveillé la nuit et bien endormis le jour. Leur mélatonine devrait alors être sécrétée le jour et non plus la nuit. Or, elle continue à être sécrété la nuit, soit durant leurs heures de travail. Par conséquent, cela explique pourquoi ils ne peuvent rester éveillés la nuit, commettant ainsi des erreurs dues à leur besoin de sommeil. Puis, lorsqu’ils rentrent chez eux ils arrivent à dormir mais non à le rester. Leur travail de nuit les poussent à se reposer le jour, mais leurs instincts naturel les en empêche, du fait que nous sommes des êtres diurnes, provoquant alors un problème. « Ces personnes n’arrivent donc pas à être synchronisées et vivent dans un état de décalage horaire chronique. » nous explique Claude Gronfier. Ils ne sont jamais bien synchronisés à leur poste de nuit, et c’est également le cas lorsque le travailleur fait une pause (week-end), il est incapable de se resynchroniser à un rythme biologique « normal ». C’est pour cela que le travailleur de nuit doit plus que les autres travailleurs, adopter un rythme régulier et se mettre au lit tous les jours à la même heure. Cette forme de routine ne sera que bénéfique pour l’organisme. Ainsi, Il faudrait plusieurs jours à un travailleur de nuit pour rééquilibrer son horloge.

 

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