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3) L'exemple de la dépression saisonière

          Le 16 mai 1898, en Arctique, l’explorateur Frederick Cook notait dans son journal : « L’hiver et l’obscurité se sont lentement, mais inexorablement abattus sur nous … On lisait sur le visage de mes compagnons combien leurs pensées sont noires et leur humeur maussade […] Les hommes restent assis autour des tables, tristes et abattus, perdus dans des rêveries mélancoliques. » Les compagnons de Cook souffraient vraisemblablement de dépression hivernale.

          La présence de soleil ou non peut être la cause des nombreuses déprimes hivernales. Il a été  démontré en 1984 par le psychiatre américain Norman Rosenthal le lien entre la lumière et la dépression saisonnière ou également appelée SAD de l’anglais : Seasonal Affective Disorder (soit trouble affectif saisonnier ou TAS). Ces cas apparaissent en automne-hiver avec la baisse de l’intensité lumineuse dans l’hémisphère nord, et le raccourcissement des journées. A Paris, par exemple, l’intensité lumineuse d’une journée d’été est d’environ 100.000 lux et n’est plus que de 1.500 lux en automne. Or, métabolisme, température corporelle, pression artérielle, sécrétions hormonales sont basés sur l’alternance du jour et de la nuit. La lumière fait varier certains messages chimiques du système nerveux intervenant dans tous nos comportements. Certaines personnes sont sensibles à ces changements de saisons qui entrainent un dérèglement de leur rythme circadien qui contrôle la régulation de l’humeur, du sommeil et de l’appétit. Les manifestations de ces troubles consistent principalement à une augmentation de l’appétit et l’apparition d’une humeur maussade ou encore du blues. Ces réactions sont dues à une perturbation de deux systèmes : la mélatonine, une hormone agissant sur l’humeur et la vitalité, et la sérotonine, un neuromédiateur qui règle entre autre la consommation riche en glucide.  On peut alors faire un lien entre la dépression hivernale et la tendance à grossir en hiver. Les autres symptômes principaux sont la perte d’énergie, le manque de motivation, la baisse de la libido, un mal-être généralisé avec une sensation de dévalorisation. Ce sont 20% de la population qui sont concernés par ces "blues" saisonniers.

          « Il faut relativiser, assure Agnès Florin, professeur à la faculté de psychologie de Nantes. On dénombre dans la population seulement 3 % de personnes qui sont véritablement météo sensibles. Ce sont elles qui vont souffrir d'une dépression liée aux conditions climatiques. Pour les autres, il faut se méfier des stéréotypes. On se souviendra plus facilement de la journée pluvieuse et pourrie où il nous est arrivé que des ennuis. »

               Les études du trouble saisonnier ont débuté après qu’un psychiatre de l’institut américain de la santé mentale, Petre Mueller, ait analysé le cas d’une patiente âgée de 29 ans victime de dépressions hivernales chroniques. La jeune femme avait beaucoup voyagé mais était restée en contact avec le docteur Mueller. Il a alors remarqué que, en fonction de la latitude du pays où elle séjournait, la dépression apparaissait dans les pays de haute latitude et disparaissait dans les pays proches de l’équateur.

                Lorsque les simples "blues" deviennent de vraies dépressions, cela doit être suivi et soigné par un psychiatre.

    Avant l’apparition de l’électricité, les habitants des régions manquant de soleil réduisaient leur temps de journée, se levant plus tard et se couchant plus tôt, mangeant plus et respectaient ainsi le rythme des saisons, adaptant ainsi leur rythme circadien à leur environnement. Nous sommes alors aujourd'hui plus aptes à souffrir de dépressions saisonnières à cause de nos rythmes de vies qui ne sont pas en phase avec celui que nous impose le soleil.

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